Masse | 30 g |
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Dimensions | 10 x 210 x 300 mm |
Auteur |
BROUSSILLON Ary |
Éditeur |
Editions Nestor |
L’exécution de la négresse Gertrude
Le 8 Février 1822, il y a du monde devant l’église de Petit-Bourg. Beaucoup de monde et une agitation inhabituelle. Il y a surtout beaucoup de nègres : environ 500 esclaves, hommes et femmes conduits comme des bamous, depuis les Bitasyon jusqu’au centre bourg. Ils ne viennent pas assister à la messe : nous sommes un Vendredi ! D’ailleurs, si le Père Fabre qui officie habituellement est bien présent ce jour, les portes de l’église sont néanmoins fermées.
Ce qui frappe et surprend outre la présence de ces centaines de nègres ainsi que du curé de la Paroisse, c’est la présence de la milice de Petit-Bourg et de Goyave, du commandant de Quartier, du Procureur du Roi et de son greffier. C’est la forte mobilisation militaire : un détachement de 25 hommes de la Légion ; le chirurgien major de ce corps ; un détachement de gendarmes accompagnant les condamnés. Et puis, il y a aussi le bourreau portant son masque, debout près d’une potence dressée au milieu de la place et non loin, ce bucher fait de morceaux de bois. Le détachement de la Légion et les milices des deux quartiers occupaient deux des côtés de la Place ; les esclaves envoyés des diverses habitations, les commandeurs à leur tête, étaient rangés sur les deux autres côtés.
Ce Vendredi 8 février 1822, la négresse Gertrude, esclave sur l’Habitation Clermont propriété du Marquis de Fougières, accusée du crime d’empoisonnement sera pendue puis brulée sur la place de l’église de Petit-Bourg. Il est dit qu’avec quelques complices elle avait fait périr plusieurs maîtres blancs, propriétaires d’esclaves : quatre assurément. Le poison qui depuis plus d’une vingtaine d’années sévissait dans le quartier épouvantait la caste des planteurs esclavagistes. Le Marquis de Fougières avait lui aussi perdu sa jeune épouse de 19 ans, emportée par le poison ainsi que son beau-frère.
Le corps de Gertrude réduit en cendres, Jean-Philippe, commandeur sur la même Bitasyon et reconnu complice, qui avait été attaché à un poteau dressé à 10 pas et vis à vis de la potence pendant deux heures, sera fouetté sur son dos nu, flétri au fer sur l’épaule droite des lettres G.A.L, marque réservée au galériens. Il sera ensuite conduit à la chaîne des galériens à Basse-Terre pour y demeurer à perpétuité.
L’exécution de Gertrude qui avait attiré beaucoup d’étrangers et notamment une dizaine d’Américains de la Pointe-à-Pitre fera le plus grand effet. Lors de son exécution, Gertrude fera montre d’une grande fierté, d’une exceptionnelle bravoure, d’une extrême détermination, montant elle-même à la potence, à l’échelle fatale. Ses juges et bourreaux en ont été impressionnés : ils en ont témoigné.
COUVERTURE CARTONNÉE